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Virginie Rabier

Je ne peux plus mentir


Je n’arrive plus à mentir…

À faire semblant de motiver les troupes alors que je perçois aussi tant de vérité dans ces voix d’enfants. L’ai-je déjà fait d’ailleurs ?

Ils manifestent, ils crient, ils vocifèrent de plus en plus fort. Les corps parlent, ils vomissent, les ventres, les gorges se nouent, les poings se serrent, les larmes coulent.

Les mots font voler de plus en plus en éclats des décors qui se cassent la figure.

« L’école me rend malade.

C’est nul, je n’y apprends rien ».

Rien à voir avec un manque de volonté, avec de la fainéantise, avec le fameux poil dans la main.

Seulement des cœurs qui sont branchés à la vie et qui refusent dorénavant de se contraindre dans des lieux, dans des apprentissages qui ne les respectent plus.

Les parents galèrent, ils oscillent entre tristesse, colère, désarroi, peur, espoir.

Les rdv professionnel s’accumulent pour comprendre pourquoi ces enfants n’arrivent pas à fonctionner dans ces systèmes habituels. Pédiatre, psychiatre, orthophonie, orthoptie, ergothérapeute, psychologue.

Les étiquettes valsent, les pathologies tombent. On leur dit qu’ils ont un problème, eux qui ne font que révéler un système qui pue le renfermé, et dont on cache depuis tant de vies sa maladie.

Les cerveaux font des noeuds, les plannings se surchargent, les violences s’infiltrent dans un quotidien devenu angoissant.

Les liens sont mis à mal et les oreillers se remplissent de larmes et de cris contenus.

Et la vérité qui continue de se dire, qui coûte que coûte exige aujourd’hui d’être vue.

Ces enfants ne peuvent plus se contorsionner.

Ils expulsent de tout leur être ces faux semblants , ces mensonges maquillés, ces comportements d’adultes biaisés.

Des parcours de guerriers, autant pour les enfants que pour les parents. Pour tous ces instits et ces profs qui eux aussi ont à cœur d’entendre et d’accompagner chacun au mieux.

Ces enfants, nous n’arriverons plus à les obliger.

Ils nous présentent aujourd’hui la vérité épilée de systèmes qui sont déglingués.

Je n’arrive plus à faire semblant. Je ne peux que leur dire que je les comprends, que je les reconnais et qu’on va peut-être pouvoir apprendre à jouer. Pour ne pas trop se faire mal dans ces combats , pour réinviter dès maintenant un peu de légèreté, d’insouciance.

Tout va bien se passer. Ces enfants ont tellement de talents qu’ils vont continuer à briller si on fait du mieux qu’on peut pour leur permettre de se révéler.

Parents, je vous envoie tout mon courage et mon amour. Vous êtes incroyables et vous faites du mieux que vous pouvez.

Continuez à nourrir votre lien au-delà de la forme, des devoirs, des notes et des mots de chacun.

Partagez vos rires et vos joies sur des futilités. Fuyez tous les pronostics engagés, pessimistes sur le futur. Écoutez votre intuition, votre foi malgré tous les sons de ces cloches professionnelles agitées.

Aimez-vous autour d’un gâteau, d’un lego, d’un dessin animé.

Amusez-vous en jardinant, en dessinant et en regardant les étoiles.

Aimez, aimez, aimez. C’est le meilleur tatouage pour oser.


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