Les diagnostics... Ou comment ne pas entendre la vie qui se dit.
On me demande souvent si l’enfant que j’accompagne est diagnostiqué, si enfin il est reconnu ( par qui? Par quoi? ) L’autre jour, je discutais avec une instit au sujet d un garçon que nous avions elle dans sa classe et moi dans mon’caibnet. Elle voulait qu’on accélère la pose de diagnostic. Je lui expliquais que de mon point de vue, cela ne changerait fondamentalement pas grand chose dans l’accompagnement qu’on pouvait lui proposait. Elle m’a répondu qu’au contraire, pour elle, ce serait plus clair et ça lui éviterait de s’acharner.. S’acharner à quoi? Lui ai-je demandé? Elle m’a répondu: « Je saurai que ce n’est pas de sa faute et qu’il n’est pas fainéant ». J’avoue être souvent désarmée face à ce genre de réponse... Lorsqu’on fixe notre regard sur la forme, sur les apprentissages à tout prix, sans aller au delà, vers l’écoute de l’enfant, de son rythme, de ses talents et difficultés particulières, il me semble que l’on oublie tout un pan dans l’accompagnement. J’ai conscience aussi combien les instits n’ont pas les conditions idéales pour proposer des aides individualisées. Et pourtant, si chacun percevait l’importance déjà d’un regard, d’un mot, d’un geste...
A quoi peuvent servir les diagnostics? Et bien, j’aurais envie de dire que pour moi, cela va dépendre de la valeur qu’on leur donne et de l’utilité qu’on en fait. Ces diagnostics sont, selon mon point de vue, comme des cartes de jeu de cette réalité ... A t’on envie de jouer avec, est-on prêt à les regarder ainsi ? Quels pourraient être les intérêts pour soi, pour l’enfant, pour le prof si nous jouions une de ces cartes sur table? Comme un joker que l’on dégaine quand on ne se comprend plus. Tda, autisme, précocité, dys, je vous assure que parfois les limites entre chacun de ces diagnostics sont extrêmement fines et vous risquez de passer de l’un à l’autre en fonction du professionnel que vous rencontrerez... Et je ne vous parle pas des guerres de chapelle entre l’approche psychanalytique, neuro, spirituelle... Chacun va s’acharner à prouver qu’il a raison, en en oubliant l’essentiel, le patient... Pour moi, tout cela, c’est du blabla... Et si l’on remettait l’enfant, l’adulte exprimant un trouble au centre? Pouvons-nous lâcher tous les points de vue que nous avons méticuleusement érigés à propos des difficultés qui se présentent pour juste regarder l’autre, l’écouter, lui permettre d’être? Sans vouloir à tout prix comprendre, analyser, décortiquer, solutionner, réparer? Et si les diagnostics, qui sont des langages inventés dans cette réalité pour classer les gens qui ne présentent pas le même développement et les mêmes compétences que ce qui est attendu ( toujours selon certaines normes... Ouh la la, on s’y perd! Vous percevez combien on entre dans les méandres labyrinthiques intellectuels?) Je disais donc.. Et si ces diagnostics devenaient des éléments de jeu de cette réalité? L’instit regarde mon enfant comme un déficient mental? Est-ce que c’est porteur? Si ce ne l’est pas, Alors peut-être faire un test cognitif permettrait d’ôter ce voile devant ses yeux? Mon fils n’a pas assez de temps pour finir ses contrôles? Il a de supers idées, est vraiment gené avec les outils lecture et écriture. Est-ce que valider un diagnostic de dyslexie/ dysorthographie lui offrirait la possibilité d’avoir du temps supplémentaire, un regard plus bienveillant et ainsi des conditions plus favorables pour exprimer ses talents ? Et si on allait au-delà de ces étiquettes ? Juste poser des questions... Percevoir en quoi elles peuvent être un atout pour chacun sur ce plateau de jeu, les sortir de son sac quand c’est requis, utiliser ce langage commun pour dialoguer dans cette réalité, jouer avec, ne plus en être L’effet. Vous avez les cartes en main!! Vous êtes les acteurs principaux.
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